Futur remaniement : Des voix s’élèvent pour un représentant du monde culturel au gouvernement

Alors que les ministres élus députés sont invités à déposer leur démission, le débat enfle autour de la future composition du gouvernement. Ce jeudi 6 novembre, plusieurs noms issus du monde culturel ont commencé à circuler, traduisant la volonté de certains acteurs de voir ce secteur mieux représenté dans l’équipe exécutive. Parmi les personnalités citées figurent Marcel Djabio, Kanel Engandja-Ngoulou et Hugues-Gatien Matsahanga, trois figures respectées du paysage artistique et intellectuel gabonais.

Vers un nouveau gouvernement après la transition

Le Gabon s’apprête à franchir une étape décisive de son histoire, avec la fin de la période de transition consécutive aux élections législatives. Si les résultats ont été publiés, non sans controverse, la formation d’un nouveau gouvernement est désormais attendue.
Selon le ministre de la Réforme, Ndong Obiang, dix-huit ministres élus députés doivent remettre leur démission au président de la République avant l’élection du bureau de l’Assemblée nationale, conformément à l’article 73 de la Constitution, qui interdit le cumul d’un mandat parlementaire et d’une fonction gouvernementale.

Cette disposition ouvre la voie à un remaniement ou à la formation d’une nouvelle équipe, offrant l’opportunité de diversifier les profils, notamment en intégrant des représentants du secteur culturel.

Kanel Engandja-Ngoulou, l’intellectuel de la Francophonie

Le nom de Kanel Engandja-Ngoulou revient avec insistance. Chercheur reconnu en sciences politiques et cadre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), il a occupé plusieurs postes stratégiques au sein de l’institution depuis 2014, jusqu’à devenir directeur par intérim du Bureau régional pour l’Afrique centrale.
Spécialiste des politiques culturelles, il coordonne aujourd’hui à Paris le projet « Industries culturelles et découvrabilité » et supervise des programmes internationaux tels que « Radio Jeunesse Sahel ». Chercheur au CENAREST, il est également auteur de plusieurs ouvrages et articles scientifiques, dont l’essai remarqué « Le degré zéro de la diplomatie culturelle gabonaise » (2016).

Hugues-Gatien Matsahanga, la culture comme levier de société

Autre personnalité citée, Hugues-Gatien Matsahanga, né à Libreville en 1974, est un spécialiste de la communication et de la RSE, mais aussi un promoteur culturel engagé. En 2001, il collabore avec la Commission européenne dans le cadre du projet PROCULTURE, avant de publier, deux ans plus tard, l’essai « La chanson gabonaise d’hier et d’aujourd’hui ».
Son travail lui vaut le soutien de l’Union européenne pour la création de « Ngombiste », un annuaire des arts et de la musique gabonaise. Polyvalent, il milite depuis plus de vingt ans pour la valorisation des industries culturelles et la reconnaissance du statut de l’artiste.

Marcel Djabio, le vétéran des scènes et des institutions

Enfin, le nom de Marcel Djabio revient fréquemment parmi les propositions. Comptable de formation, auteur-compositeur, arrangeur, ingénieur du son et acteur, il a mené une carrière artistique aussi riche qu’institutionnelle. Sénateur de la Transition et ancien président de l’Association gabonaise des artistes musiciens, il fut un proche collaborateur de Pierre Akendengué, avec qui il a co-réalisé l’album « Lambaréna ».
Engagé pour la défense du droit d’auteur et du statut de l’artiste, il a contribué à l’élaboration de plusieurs textes législatifs majeurs encadrant la politique culturelle au Gabon.

Un appel à la diversité gouvernementale

Ces propositions traduisent un souhait : voir la culture occuper une place plus importante dans l’action publique. Alors que le pays s’apprête à clore sa transition politique, l’éventuelle entrée d’un acteur culturel au gouvernement symboliserait l’ouverture d’une nouvelle ère, où l’identité, la création et le patrimoine gabonais retrouveraient la place qu’ils méritent dans le développement national.