Société
“The Bachelor” : la télé-réalité qui indigne les leaders religieux gabonais
La diffusion de la troisième saison de The Bachelor, télé-réalité d’origine européenne, suscite une vague de critiques et d’indignation au Gabon. Accusée de “chosifier” la femme et de promouvoir la dépravation des mœurs, l’émission choque profondément les sensibilités locales. Dans une vidéo largement partagée depuis le 23 octobre, le prophète Beni Ngoua fustige le programme, dénonçant « des forces occultes » qui, selon lui, s’opposeraient à sa suspension, malgré l’intervention des leaders religieux auprès de la Haute Autorité de la Communication (HAC) pour en obtenir l’arrêt.
Le prophète a exprimé sa frustration, trouvant “incongru” que cette émission continue d’être diffusée alors que le Gabon, selon lui, est engagé dans un processus de restauration des valeurs traditionnelles. « Nous avons saisi la HAC pour suspendre cette émission et il y a eu une session spéciale pour cela, mais elle continue à être diffusée sur Canal », s’indigne-t-il, regrettant que l’influence étrangère pèse dans cette décision.
Les jeunes participants à l’émission, cependant, défendent une vision différente. Selon eux, l’Afrique en pleine modernisation devrait s’ouvrir à des influences extérieures et s’adapter aux réalités mondiales. Ils estiment que The Bachelor offre une diversité de modèles relationnels qui pourrait enrichir les discussions sur l’amour et le mariage, contribuant à une redéfinition des normes culturelles. Mais pour les détracteurs, cette perspective est en décalage avec les valeurs locales, et l’émission serait une atteinte à l’image de la femme africaine.
Malgré l’audience record enregistrée pour cette saison, notamment grâce à la participation d’une Gabonaise de 40 ans au centre de l’intrigue, les critiques restent vives. Les leaders religieux estiment que l’émission expose la jeunesse gabonaise à un modèle de relations superficiel et dévalorisant pour les femmes, présenté comme un simple jeu de séduction. « Le rôle des femmes, réduit ici à séduire et plaire, renforce des stéréotypes sexistes qui affaiblissent leur dignité, alors que le pays œuvre pour l’émancipation féminine », déclare Beni Ngoua au nom d’un collectif de pasteurs.
Pour étayer ses arguments, le prophète pointe du doigt la banalisation de l’intimité à l’écran, évoquant les scènes de baisers et de contacts rapprochés comme une “dégradation des mœurs”. D’après lui, ces représentations visuelles envoient un message erroné à la jeunesse gabonaise, les éloignant des valeurs de respect et de retenue.
Face aux oppositions, le prophète Ngoua évoque une possible influence étrangère dans le maintien de l’émission. Il a suggéré que suspendre le programme pourrait menacer certains “intérêts français”, une déclaration qui soulève des questions sur les tensions potentielles entre culture locale et influence extérieure. Cela n’a toutefois pas découragé l’homme de foi, qui promet de poursuivre son combat pour que The Bachelor soit retiré des écrans gabonais.